Introduction
La réforme de la facturation électronique en France impose progressivement à toutes les entreprises d’émettre, de recevoir et de transmettre leurs factures électroniques dans un format structuré. Cette obligation s’inscrit dans un cadre réglementaire plus large, piloté par l’administration fiscale, avec l’objectif d’améliorer la gestion de la TVA et la traçabilité des transactions.
Dans ce dispositif, les plateformes de dématérialisation partenaire jouent un rôle essentiel. Longtemps appelées PDP (pour plateformes de dématérialisation partenaire), elles sont désormais désignées comme plateformes agréées. Ce changement de nom traduit une volonté de clarification sur leur rôle et leur statut vis-à-vis du Portail Public de Facturation.
Cet article propose un guide pour mieux comprendre ce qu’est une plateforme de dématérialisation partenaire, ce que recouvre le terme plateforme agréée, et ce que ces changements impliquent pour les TPE PME comme pour les grandes entreprises. Objectif : vous aider à anticiper les obligations et à faire les bons choix en matière de conformité.
Plateformes de dématérialisation partenaire (PDP) : de quoi parle-t-on ?
Le rôle initial dans la transmission des factures
Une plateforme de dématérialisation partenaire PDP est un acteur agréé par l’administration fiscale, chargé de la transmission des factures électroniques entre entreprises. Ces plateformes peuvent émettre, recevoir et transférer des factures électroniques dans un format conforme aux exigences de la réforme. Leur fonctionnement repose sur une interconnexion avec le Portail Public de Facturation, qui centralise les informations fiscales et oriente les flux.
Ces plateformes assurent également la conversion des formats (notamment vers Factur-X), la vérification de la conformité, et parfois l’archivage sécurisé. Elles se distinguent d’un opérateur de dématérialisation OD, qui, lui, ne peut pas transmettre directement les données à l’État.
Un maillon essentiel du e-invoicing
Dans le cadre de la réforme, les plateformes de dématérialisation partenaire sont des acteurs centraux. Elles permettent aux entreprises de répondre à leurs obligations de facturation électronique et d’e-reporting, tout en sécurisant la transmission des données à l’administration fiscale. Elles s’inscrivent ainsi dans une logique de modernisation et de simplification des processus de gestion, en facilitant l’accès à un système automatisé et structuré.
Pourquoi le terme « plateforme agréée » s’impose aujourd’hui
Une clarification voulue par l’administration fiscale
Le passage de l’appellation plateforme de dématérialisation partenaire à celle de plateforme agréée répond à une volonté de clarification de la part de l’administration fiscale. Le terme « partenaire » prêtait parfois à confusion, laissant penser qu’il s’agissait d’un simple accord commercial. En réalité, ces plateformes sont soumises à un service d’immatriculation strict, qui valide leur conformité technique et réglementaire dans le cadre du dispositif national de facturation.
Le mot « agréée » permet d’identifier plus clairement les acteurs habilités à assurer la transmission des factures électroniques et des données d’e-reporting à l’État, dans le respect des règles en vigueur.
Moins de sigles, plus de lisibilité
L’acronyme PDP (plateforme de dématérialisation partenaire) cohabitait avec d’autres sigles peu explicites pour les entreprises : PPF, OD, e-invoicing, e-reporting… Pour simplifier la communication et favoriser l’adoption de la réforme, la DGFiP a fait le choix d’utiliser des termes plus transparents.
Aujourd’hui, parler de plateforme agréée permet aux entreprises de mieux comprendre qu’elles doivent se tourner vers un acteur officiellement reconnu pour assurer la transmission de leurs factures électroniques. La mission reste identique, mais le vocabulaire se met à jour pour accompagner la mise en œuvre du dispositif.
Le processus d’immatriculation sous réserve
Qu’est-ce qu’une plateforme agréée immatriculée sous réserve ?
Pour être reconnue comme plateforme agréée, une plateforme de dématérialisation partenaire PDP doit passer par une procédure d’immatriculation rigoureuse auprès de l’administration fiscale. Lorsqu’elle est immatriculée sous réserve, cela signifie que son dossier est accepté, mais que certaines vérifications techniques sont encore en cours. Elle figure alors dans une liste officielle, disponible sur le site des impôts.
Ce statut transitoire autorise la plateforme à opérer dans le dispositif de facturation électronique, tout en finalisant les tests d’interopérabilité et de conformité au Portail Public de Facturation.
Quelles conditions pour obtenir l’agrément ?
L’immatriculation garantit que la plateforme respecte un cadre défini : sécurité des données, respect des formats imposés (comme Factur-X), capacité à gérer l’e-reporting, et interconnexion avec les autres acteurs du système.
Ce service d’immatriculation est un pilier de la réforme, visant à créer un écosystème de plateformes fiables, capables d’assurer la transmission des factures et des informations fiscales avec rigueur.
Missions inchangées, exigences renforcées
Réception, émission et transmission des factures électroniques
Les plateformes de dématérialisation partenaire PDP, désormais appelées plateformes agréées, conservent leur rôle central dans la transmission des factures électroniques entre entreprises. Elles sont chargées d’émettre, de recevoir, de convertir et de transférer les factures dans un format structuré (notamment Factur-X) vers les clients et vers l’administration fiscale via le Portail Public de Facturation.
Elles permettent également de garantir la conformité des documents, en assurant leur bonne structuration et la traçabilité des transactions, dans le respect du cadre réglementaire.
E-reporting : la transmission des données de TVA
En plus des factures électroniques, les plateformes ont la responsabilité de transmettre les données de transactions non facturées à des fins de e-reporting. Cela concerne, par exemple, les opérations avec des clients étrangers, ou les encaissements hors facturation directe.
Cette fonction est essentielle à la réforme : elle permet à l’administration fiscale d’avoir une vision complète des flux de dématérialisation partenaire, au-delà de la simple circulation des factures. C’est pourquoi seules les plateformes agréées peuvent assurer ce niveau de service, dans le strict respect du dispositif en vigueur.
Portail Public de Facturation, opérateurs, plateformes : qui fait quoi ?
Le Portail Public de Facturation (PPF) est la plateforme de l’État chargée de centraliser la transmission des factures, de gérer l’annuaire des entreprises, et d’assurer la communication avec l’administration fiscale. Bien qu’il permette la réception directe de factures électroniques pour certaines micro-entreprises, son usage reste limité pour les entreprises plus structurées.
Le PPF est l’un des acteurs du dispositif, mais il ne fournit pas de services avancés de gestion ou d’intégration. Il travaille en coordination avec les plateformes de dématérialisation partenaire, qu’elles soient agréées ou en cours d’immatriculation sous réserve.
En résumé, seule une plateforme agréée immatriculée peut assurer la transmission réglementaire des données de facturation et des informations fiscales à l’administration. C’est elle qui garantit la conformité, la traçabilité et le respect du cadre réglementaire fixé par la réforme.
Quels formats sont autorisés ?
Pour être conforme au dispositif de facturation électronique, une facture doit être transmise dans un format structuré. Trois formats sont reconnus par l’administration fiscale : Factur-X, UBL et CII. Ces standards garantissent la lisibilité automatique des données, la transmission fiable entre plateformes, et l’analyse rapide des transactions.
La plateforme de dématérialisation partenaire PDP ou plateforme agréée doit pouvoir traiter ces formats sans perte d’information, en s’assurant de la conformité des données pour chaque facture électronique.
Ce choix de formats normalisés permet à tous les acteurs du dispositif, qu’il s’agisse de plateformes agréées, du Portail Public de Facturation, ou des opérateurs de dématérialisation, de travailler ensemble de manière fluide. Il réduit aussi le risque d’erreurs liées à des conversions manuelles et simplifie la gestion des factures pour les entreprises, en particulier celles qui ont des flux importants ou complexes.
Le respect du format imposé est donc une condition de base pour assurer une transmission des factures conforme et éviter toute anomalie dans les échanges avec les clients et l’État.Le calendrier de mise en œuvre à retenir
À partir du 1er septembre 2026, toutes les entreprises devront être en mesure de recevoir des factures électroniques via une plateforme agréée ou directement via le Portail Public de Facturation. Cette étape marque une bascule majeure dans la généralisation de la dématérialisation partenaire PDP, qui devient une réalité pour toutes les structures, y compris les TPE PME.
Chaque entreprise devra apparaître dans l’annuaire du PPF, ce qui implique une immatriculation et le choix explicite d’un mode de transmission des factures.
Un an plus tard, le 1er septembre 2027, ce sont les TPE PME qui devront obligatoirement émettre leurs factures électroniques via une plateforme de dématérialisation partenaire. Cette échéance marque l’achèvement du dispositif pour l’ensemble du tissu économique français.
Ne pas respecter ces délais exposera les entreprises à des sanctions potentielles, notamment en cas de non-transmission des données d’e-reporting, ou d’utilisation d’un format non conforme.Un calendrier inchangé malgré les ajustements terminologiques
Le passage du terme plateforme de dématérialisation partenaire à plateforme agréée n’a eu aucun impact sur le cadre réglementaire ou le rythme de déploiement. Ce sont les mêmes obligations, les mêmes échéances, et les mêmes exigences techniques qui s’appliquent à toutes les plateformes.
Ce que cela change pour les TPE PME
Pour les TPE PME, la réforme impose désormais un choix clair : travailler avec une plateforme de dématérialisation partenaire figurant dans la liste des plateformes agréées, ou utiliser directement le Portail Public de Facturation. Passer par un opérateur de dématérialisation non relié à une plateforme agréée ne permet pas de remplir les obligations de conformité.
La plateforme retenue devra être en mesure d’assurer la transmission des factures, le traitement des formats requis, et la gestion du e-reporting à l’administration fiscale.
Ce changement demande aussi une adaptation des outils et des processus de gestion internes : génération de factures électroniques dans le bon format, transmission automatisée, et récupération des statuts depuis la plateforme agréée.
Il est donc essentiel pour les entreprises de s’assurer que leur fournisseur actuel est bien immatriculé, et de vérifier sa position dans la liste officielle. Cela leur évitera des retards de paiement, des rejets de factures, ou des non-conformités involontaires.
Comment vérifier si une plateforme est agréée ?
Pour s’assurer qu’un partenaire technologique est bien une plateforme de dématérialisation partenaire agréée, les entreprises doivent consulter la liste officielle publiée par l’administration fiscale. Cette liste recense les plateformes immatriculées sous réserve et permet de vérifier leur statut à jour dans le dispositif.
Elle est accessible en ligne sur impots.gouv.fr, dans la section dédiée à la facturation électronique. Y figurent les acteurs autorisés à assurer la transmission des factures et des données d’e-reporting en toute conformité.
Certaines solutions de gestion ou opérateurs de dématérialisation OD proposent des services de dématérialisation, sans être eux-mêmes plateformes agréées. Ils doivent alors s’appuyer sur un tiers immatriculé. C’est pourquoi il est crucial de comprendre qu’une plateforme de dématérialisation n’est pas automatiquement agréée par l’État.
Un prestataire non présent dans la liste officielle ne peut pas vous garantir la conformité réglementaire attendue dans le cadre de la réforme.
Services proposés par les plateformes agréées
Au-delà de leur mission réglementaire de transmission des factures électroniques et de données de e-reporting à l’administration, les plateformes agréées offrent souvent une gamme de services à valeur ajoutée. Ces services sont pensés pour accompagner les entreprises, notamment les TPE PME, dans l’optimisation de leur gestion comptable et administrative.
Parmi les fonctionnalités couramment proposées :
- Tableaux de bord de facturation,
- Rapprochement automatique des factures avec les bons de commande,
- Suivi des paiements et relances clients,
- Archivage sécurisé conforme aux normes fiscales,
- Intégration comptable avec les logiciels de gestion existants.
Ces services permettent de sécuriser les flux, de gagner du temps, et surtout de garantir la conformité avec le cadre réglementaire. Certaines plateformes agréées proposent aussi un accompagnement humain, avec des conseillers disponibles pour aider les clients à configurer la solution, à se connecter au Portail Public de Facturation ou à comprendre les évolutions du dispositif.
Choisir une plateforme de dématérialisation partenaire PDP dotée de services adaptés permet de transformer une contrainte réglementaire en opportunité d’optimisation.
Choisir sa plateforme agréée : les bons critères
Le choix d’une plateforme agréée ne doit pas se faire à la légère. Pour une entreprise, et particulièrement une TPE PME, il s’agit de s’assurer non seulement de la conformité réglementaire, mais aussi de la capacité de la plateforme à s’intégrer à ses outils existants et à répondre à ses besoins spécifiques.
Voici les principaux critères à prendre en compte :
- Présence sur la liste des plateformes agréées publiée par la DGFiP ;
- Compatibilité avec les formats exigés (Factur-X, UBL, CII) ;
- Capacité d’intégration avec votre logiciel de gestion ou ERP ;
- Fonctionnalités proposées au-delà de la transmission : gestion, reporting, tableaux de bord ;
- Simplicité d’utilisation, accompagnement, support technique en français ;
- Sécurité des données et conformité avec les normes (notamment ISO 27001).
Toutes les plateformes ne proposent pas les mêmes niveaux de service. Certaines se limitent à l’envoi de factures, tandis que d’autres gèrent aussi les retours du Portail Public de Facturation, le service d’immatriculation, et la sécurisation des données.
Pour les TPE PME, il est donc recommandé de choisir un partenaire qui offre à la fois simplicité d’usage, conformité réglementaire, et capacité d’évolution avec les futurs changements de la réforme.
Les risques en cas de non-conformité
Le non-respect des obligations liées à la facturation électronique expose les entreprises à plusieurs risques. Si une entreprise ne passe pas par une plateforme agréée pour transmettre ses factures électroniques ou ses données d’e-reporting, elle peut être considérée comme non conforme par l’administration fiscale.
Les conséquences possibles incluent :
- Rejets de factures non conformes par les clients ou fournisseurs,
- Pénalités financières en cas de manquements déclaratifs ou de défaut de transmission,
- Risques accrus de contrôles fiscaux, liés à des écarts ou à une mauvaise lecture des transactions,
- Délai de paiement allongé, si la facture n’est pas transmise dans les formes réglementaires.
En plus des sanctions, les entreprises non conformes s’exposent à une complexité croissante dans leurs processus de facturation. Une plateforme non agréée ne peut pas assurer la transmission sécurisée des données, ni dialoguer avec le Portail Public de Facturation.
Cela peut entraîner une perte de traçabilité, des erreurs dans le calcul de la TVA, ou encore une surcharge de travail pour les équipes internes. Adopter une plateforme agréée n’est donc pas une option, mais une condition indispensable pour sécuriser la gestion des flux, respecter les réglementations et accompagner les futurs changements à venir.
Une réforme plus accessible qu’il n’y paraît
La réforme de la facturation électronique peut sembler complexe, mais elle repose sur un dispositif pensé pour être accessible à tous les profils d’entreprises, y compris les plus petites. Grâce à des plateformes de dématérialisation partenaire proposant des interfaces simples, une immatriculation guidée, et des formats automatisés comme Factur-X, la mise en conformité est plus facile qu’il n’y paraît.
De nombreuses plateformes agréées offrent des services modulables, des connecteurs avec les outils de gestion, et un accès à un support dédié pour les clients peu familiarisés avec la dématérialisation.
La mise en place du dispositif ne repose pas uniquement sur les épaules des entreprises. De nombreux opérateurs et plateformes proposent un accompagnement personnalisé, incluant :
- audit des outils existants,
- paramétrage de la plateforme choisie,
- formation des équipes,
- assistance en cas de blocage.
Cette démarche d’accompagnement est précieuse pour franchir sereinement les étapes vers la conformité. Elle permet également de transformer une contrainte réglementaire en opportunité de modernisation, en optimisant les flux de facturation et en automatisant certaines tâches.

Conclusion
Le passage de la plateforme de dématérialisation partenaire à la plateforme agréée s’inscrit dans une dynamique de clarification imposée par l’administration fiscale, sans modifier le rôle fondamental de ces acteurs dans le dispositif de facturation électronique.
Pour les entreprises, cette évolution ne doit pas être perçue comme une contrainte, mais comme une opportunité de renforcer la conformité, de fluidifier la gestion des factures électroniques, et de fiabiliser les transmissions dans un format standardisé.
À condition de choisir un partenaire inscrit dans la liste officielle, en capacité de gérer l’e-reporting, les obligations déclaratives et l’interface avec le Portail Public de Facturation, la réforme devient une étape accessible, même pour les TPE PME. Le moment est venu d’intégrer la dématérialisation partenaire PDP comme un levier de transformation des processus administratifs et de consolidation de la relation client-fournisseur.